vendredi 27 juillet 2012

MOTÖRHEAD


A 61 ans, Lemmy, leader du groupe de hard rock anglais Motörhead, représente un cas d’école pour la Faculté de Médecine. Remarquablement conservé malgré tous ses excès, il se plaint avec humour de n’avoir pu bénéficier d’une transfusion sanguine, alors qu’il était hospitalisé à Londres il y a une quinzaine d’années. Les médecins réunis autour de son chevet lui auraient déclaré :  « Voyez-vous, si on vous donne du sang pur, vous allez mourir… Mais, de grâce, ne donnez pas votre sang ! Il est tellement toxique que vous tueriez quelqu’un ! »

Et Lemmy créa Motörhead !

         Fils de pasteur, Lemmy (né le 24 décembre 1945 à Stoke-on-Trent en Angleterre sous le nom de Ian Fraiser Kilminster) commence à jouer du rock’n’roll dès l’âge de 19 ans dans deux groupes originaires de Blackpool : les Rainmakers et Motown Sect. Sa guitare Hofner Club 50, il aura tout le temps de la massacrer de 66 à 68 au sein des Rockin’Vickers, de Gopal’s Dream et d’Opal Butterfly. Il se retrouve ensuite roadie pour Jimi Hendrix et le Pink Floyd, période Syd Barrett. Au début des années 70, il rejoint les rangs de Hawkwind en qualité de bassiste et  chanteur. Il écrit plusieurs chansons pour le groupe, dont The Watcher, Lost Johnny et leur hit de 72, Silver Machine. C’est à cette époque qu’il abandonne le « n » de Kilminster pour devenir Lemmy Kilmister, la figure de proue du hard. Un dur de dur d’un gabarit impressionnant, une tête de Hun : moustache, verrues et longs cheveux gras, la croix de Malte en sautoir et les inusables Santiags blanches aux pieds. Ajoutez à cela pour parfaire le portrait : grand buveur de bière et de Jack Daniel’s et consommateur d’amphétamines. Cet intérêt trop marqué pour la drogue le conduit en prison. En tournée au Canada en 75, il est arrêté à la frontière avec du speed en sa possession. Résultat : il se fait virer de Hawkwind. Qu’à cela ne tienne, il décide aussitôt de former son propre groupe. Le journaliste Mick Farren du New Musical Express lui présente Larry Wallis (guitare, ex-Pink Fairies) et Lucas Fox (batterie). Et les trois n’ont bientôt plus qu’à se trouver un nom. Bastard (bâtard) suggère Lemmy, ce qui n’est pas au goût de son manager. O.K. ! On s’appellera Motörhead. C’est le titre de sa dernière composition pour Hawkwind et ça signifie « drogué » en argot américain. Le manager aurait mieux fait de se taire.

Je vais vous botter le cul !

         Après un premier concert le 20 juillet 75 à la Roundhouse de Londres, le trio enregistre un album qui, en raison de problèmes avec leur maison de disques United Artists, ne voit le jour que 3 ans plus tard sous le titre de On Parole. Lors de l’enregistrement, Lucas Fox cède sa place à Phil Taylor, surnommé Philthy Animal (sale animal). En 76, Lemmy décide d’engager un second guitariste, « Fast » Eddie Clarke. Larry Wallis n’apprécie guère et se casse, donc le groupe se retrouve quand même avec un seul guitariste. A l’été 77, ils signent un contrat avec Chiswick Records et enregistrent leur album éponyme, dans un état d’ébriété très avancé, si l’on en croit la légende. Cet album atteindra pourtant la 43ème place du hit-parade anglais. Deux ans plus tard, Motörhead sort Overkill. Le succès est au rendez-vous et les albums s’enchaînent : Bomber (79), Ace Of Spades (80), Iron Fist (82). Mais les changements de line-up commencent alors à se multiplier : départ de Clarke, remplacé par Brian « Robo » Robertson, ex-Thin Lizzy qui part lui-même en 84, puis une certaine stabilisation s’opère autour de Phil Campbell à la guitare et Mikkey Dee à la batterie. Kiss Of Death, le tout dernier album de Motörhead, sorti en août 2006, prouve, s’il en était encore besoin, que le patron, c’est Lemmy. Au fil des ans, à coup de riffs géniaux et de centaines de concerts, avec –certes- le soutien inébranlable de ses sbires, il a réussi à imposer une musique simple et terriblement efficace. Comme il le dit lui-même dans Angel City, extrait de l’album 1916 : « I’m gonna kick ass ». Je vais vous botter le cul !


                                                                                                           Jumpin’ Jack Devemy

MICK  HART



Vendredi 4 avril. Rendez-vous à 16 heures au bistrot Le Relax. L’atmosphère est printanière. On s’installe en terrasse. Deux jours avant, Mick Hart était dans l’avion qui le ramenait  d’Australie. Il ne semble pas trop souffrir du jet-lag et c’est avec sa gentillesse habituelle qu’il répond à mes questions.

Salut Mick, on se retrouve, comme la dernière fois, dans le même bistrot de Wazemmes. Qu’est-ce qui te plaît dans ce quartier ?
Les gens sont très, très sympas à Lille mais spécialement ici. Il y a pas mal d’artistes, tout le monde est cool et relax. Ca convient bien à mon tempérament australien. C’est tranquille là-bas, surtout en ce moment : c’est l’été en Australie maintenant, les gens prennent leur temps.
Tu reviens d’une longue tournée en Australie, où tu es né. Peux-tu nous dire comment ça s’est passé ?
Une excellente tournée sur la côte est, en solo et avec mon groupe aussi, des super shows à Sydney, Melbourne, Brisbane, Gold Coast… C’est toujours un plaisir pour moi de reprendre contact avec l’Australie, surtout que je suis resté beaucoup de temps en France, en Europe. Le dernier concert, le week-end dernier, c’était à Sydney avec mon groupe. On venait de passer beaucoup de temps dans les studios à enregistrer un nouveau CD qui sortira pour la fin de l’année, j’espère. Et juste après, il y a eu ce concert. On a dit au public : on va vous jouer des nouveaux morceaux, et il y avait quelque chose d’électrique dans l’air, c’était extra. Et le soir précédent, on était à la télévision pour un concert enregistré à la fin de l’année dernière dans un endroit, très connu à Sydney, qui s’appelle The Basement. C’est une émission qui ressemble beaucoup à Taratata et elle est passée jeudi dernier (27 mars), la veille du concert de Sydney. Ce qui fait qu’on a vraiment vécu deux grands moments.
Tu nous rappelles le nom de ceux qui t’accompagnaient en Australie ?
Le bassiste s’appelle Damian Leonard et le batteur c’est Tony Chubb. Ca, c’est le noyau du groupe et, occasionnellement, mon cousin Evan Browett joue aussi des percussions. C’est presque une histoire de famille et c’est pourquoi mon groupe me manque ici. J’adore jouer en solo et, de ce point de vue là, mon dernier album (Finding Home) a été une grande expérience. Mais jouer avec mon groupe, tu vois, c’est aussi vivre avec lui : se boire une bière, regarder un match, se faire un barbecue… Ce sont mes meilleurs amis et c’était formidable de pouvoir renouer avec eux.
Est-ce que tu envisages de t’installer définitivement en France ?
Je ne sais pas. Ca me traverse l’esprit de temps en temps. Ces 4 dernières années, je suis resté en Europe, loin de l’Australie… c’est long. Pour moi, tu sais, le mieux serait : un peu…un peu, un peu…un peu, je vais peut-être faire ça, mais pour l’instant, cette année, c’est vrai que je cours après le soleil : l’été en Australie puis le printemps en Europe, j’échappe à l’hiver. Je suis content d’être de retour ici et j’aurai de quoi faire en avril, mai et juin : deux festivals en Angleterre, un en Belgique, un en France (le Quicksilver Festival à Hossegor).
Tu reprends une des chansons de Ben Harper intitulée « Give A Man A Home ». Ton dernier album s’appelle Finding Home. Trouver un chez-soi, un port d’attache, est-ce une de tes grandes préoccupations ?
Ce n’est pas une obsession, c’est simplement l’histoire d’un compositeur qui vit comme un troubadour, un « gipsy », et tu bouges, tu bouges mais arrive un moment où tu te demandes : c’est où, chez moi, là maintenant ? Ce n’est pas une obsession, c’est une aspiration naturelle, peut-être, à se fixer quelque part. Mais c’est à double tranchant : si tu restes immobile trop longtemps, tu n’arrives plus à t’ouvrir à d’autres gens. Le mieux serait de trouver ton chez-soi et de continuer à bouger. C’est une réponse dingue mais je sais que tu vois ce que je veux dire, yeah, yeah. C’est l’éternelle question : où est ma prochaine étape dans la vie ?

Jumpin’Jack Devemy.

En concert
Le 14 mai au Sonic, 46 rue d’Arras à Lille.




                                T  H  E       I  N  M  A  T  E  S



         Mais que fait donc la police ? Attention, voilà les Inmates ! Bill Hurley, considéré par Robert Plant comme le meilleur chanteur anglais (« Sa voix soul fait merveille et nous fait vivre le rock brut des boîtes londoniennes ») et ses acolytes Peter Gunn, Tony Oliver, Jim Russell et Simon Mulvey, ex-Les McKeown’s Legendary Bay City Rollers (en remplacement de Ben Donnelly) seront bientôt en nos murs.

Le Premier Délit des Taulards

         Les Inmates résultent de la fusion de deux groupes : les Cannibals et Ronnie And The Biggs, clin d’œil au cerveau de la célèbre attaque du train postal Glasgow-Londres en août 63 (le même Ronnie Biggs qui enregistre No One Is Innocent avec les Sex Pistols à la fin des années 70). Les Cannibals sont dirigés par Peter Staines, dit Peter Gunn, prof de physique le jour et guitariste de rock la nuit, comme quoi l’enseignement mène à tout, à condition d’en sortir. Au sein du groupe on trouve aussi : le guitariste rythmique Tony Oliver, le bassiste Ben Donnelly et le chanteur Mike Spenser, un punk américain qui se montre tellement violent sur scène qu’il finit par être interdit de concert. De son côté, Bill Hurley est le chanteur de Ronnie And The Biggs qui tourne dans le circuit classique des pubs de l’est de Londres. Ca tombe bien ! Peter Gunn (dont le thème est cher à mon vénéré rédacteur !) passe une petite annonce dans le Melody Maker de novembre 77 : « Cherche chanteur ». Bill répond à l’appel. Illico presto, les « cannibales » vomissent Mike et tentent d’absorber Bill. Mais le morceau est gros à avaler. Physique de Goliath, personnalité imposante, celui-ci a vite mainmise sur le groupe et le rebaptise « Les Taulards ». En référence à Ronnie Biggs ou au Jailhouse Rock (Rock du bagne) d’Elvis Presley ? Toujours est-il que le premier album s’intitule First Offence (Premier Délit). C’est un premier single autoproduit, Jealousy, qui attire l’attention des disques Radar, le label fondé par Andrew Lauder après son départ de Stiff. Vic Maile est choisi pour produire les sessions et l’enregistrement de First Offence démarre au studio Jacksons de Rickmanworth dès juillet 79. Producteur avisé, Vic Maile donne sa vocation au groupe : jouer un répertoire composé à la fois de rock garage et de reprises énergiques de vieux morceaux de rhythm’n’blues. Musicalement, les Inmates sont très proches des Stones. Vous comprendrez que j’ai un faible pour eux. Même la pochette ressemble furieusement à celle d’Aftermath : mêmes visages blafards en clair-obscur. A noter que le poste de batteur est instable : John Bull est viré par Vic Maile au bénéfice d’Eddie Edwards, également membre des Vibrators (groupe de punk-rock, toujours en activité, prévu à l’Abattoir de Lillers le samedi 25 novembre). Et c’est un troisième batteur, Jim Russell, qui fera ensuite les tournées de promotion du disque. First Offence sort en 79 et l’excellente reprise du hit des Standells de 66, Dirty Water (Sale Eau… en 2 mots !), qui y figure, est un succès aux USA, tandis qu’en Grande-Bretagne, c’est The Walk, une reprise du bluesman Jimmy Mc Cracklin, qui sort en simple.

Bill arrête de …puis se remet à …hurler  

         En septembre 80, sort un deuxième album au titre prémonitoire : Shot In The Dark (John Lennon est assassiné le 8 décembre de la même année), où les Inmates reprennent la composition des Stones So Much In Love, gentiment prêtée aux Mighty Avengers en 64, à l’époque où les deux groupes travaillaient pour Decca. En 84, Bill Hurley, « fatigué nerveusement » par toutes sortes de « déboires », passe la main. En fait, Bill, grand consommateur de substances illicites, fit une overdose si grave que, d’après ses dires, il ne pensait pas rechanter. Il cède sa place à Barrie Masters, chanteur d’Eddie And The Hot Rods (dont j’aurais une superbe photo si, toléré, à l’époque, sur la scène du Rainbow de Londres, je n’avais, dans ma précipitation, mal accroché le film !!!). Il enregistre 2 albums avec les Inmates : True Live Stories (84) et Five (85). En 87, Bill Hurley, piaffant d’impatience, rentre à l’écurie. Au mieux de sa forme, il accepte le projet du journal Libération ( qui n’avait pas encore été racheté par Rothschild) de célébrer le 20ème anniversaire de la sortie de l’album des Beatles : Sgt Peppers Lonely Hearts Club Band. Libé demande donc aux Inmates de reprendre sur scène, à la Villette, le 20 juin 87, des titres des Beatles « à la manière des » Stones. Les albums se suivent et se ressemblent : Fast Forward (89), Inside Out (91), Wanted  (93), Silverio  (97), Heat Of The Night (98). Nous ne saurions nous en plaindre, on ne change pas une équipe qui gagne!


                                                                                     Jumpin’ Jack Devemy                

Little Bob  


Les fêtes de fin d’année approchent. Vous cherchez un « cadeau » pour votre meilleur(e) ami(e) ? Il est tout trouvé. Offrez-luiThe Gift.Little Bob célèbre ses 30 ans de carrière et, pour marquer le coup, nous propose ce nouvel album, un double CD qui ne contient pas moins de 20 titres. Un « cadeau » somptueux ! Pour vous remercier,et surtout se faire plaisir, votre ami(e) vous accompagnera, le samedi 3 décembre, au concert de l’Abattoir de Lillers. L’Abattoir, dont ce sera également le 30ème anniversaire. 60 ans à eux deux, mais pas question de retraite ! Keep on rockin’ !

Rock’n’dock

         Little Bob, de son vrai nom Roberto Piazza, est né le 10 mai 1945 à Alexandrie, en Italie (pas en Egypte, comme Claude François !). Mais son port d’attache est Le Havre, et, même s’il est en tournée tout au long de l’année, la route le ramène toujours à sa ville normande, où il vient se ressourcer avant un nouveau départ. Son père, anarchiste, est venu en France pour échapper au régime fasciste de Mussolini. C’est cet épisode de la vie de sa famille que retrace Libero (2002). Libero, c’est le prénom de son père et, en italien, ça veut dire libre. Et ça lui ressemble ! C’est ainsi que, allergique à toute concession professionnelle ou artistique, il autoproduit ses disques. Il n’a pas oublié non plus ses origines et la classe ouvrière dont il est issu : son père travaillait dans une fabrique de cuivre. Lui-même a été comptable et c’était un militant, toujours prêt à lutter et à défendre les droits de ses collègues. Le premier CD de The Gift : Still Burning (et, en effet, elle brûle à jamais sa passion pour la musique qu’il aime, que nous aimons : le rock’n’roll !) est un portrait en camaïeu des gens « d’en bas » dont il admire l’intégrité, la fierté et le courage, toutes qualités qui ne lui sont pas étrangères. Et le peintre, accablé, contemple son portrait, avec réalisme et lucidité, mais sans jamais se résigner. « Quand je suis heureux, je me sens mal / Impuissant et coupable / Je me demande ce que je peux faire / Peut-être la Révolution » (No Future Is Now). P’tit Bob évoque le monde carcéral : « Des murs hauts, épais / Une rue solitaire / Des histoires atroces / Des cicatrices profondes / Personne ne sourit » (Country Jail Boogie). Dans sa galerie de portraits, tout le monde a droit au même respect, que ce soit Pauline, « la reine de la disco, une fille aux cheveux teintés en rouge et aux grands yeux verts, vêtue d’une mini jupe rouge, et pourtant elle a l’air si timide » ou bien Dolorès qui « tôt le matin, alors que la ville s’éveille, doit aller travailler et prouver qu’une femme peut élever ses enfants toute seule ». Les exclus de la société, il les comprend car il les côtoie, tel Little Juju Boy, « son petit voisin qui n’a que 15 ans, qui est pourchassé par les flics parce qu’il conduit trop vite, et qui chiale comme un gosse ». Et son HLM, il l’aime, quand bien même il est blême : « les gosses qui hurlent dans l’impasse, le chien du voisin qui aboie, la grosse qui écoute de la disco et « les racailles » qui crèvent les pneus de votre bagnole la nuit, alors que retentissent les sirènes des cargos et qu’errent les fantômes des dockers licenciés ». C’est bien vrai qu’il l’aime, sa ville, Le Havre et le quartier des docks (Living In The Dock Land). Dans ce quartier vit son alter ego, « Pat, qui possède un petit garage et travaille douze heures par jour, les mains noires et graisseuses, pour payer les taxes et les factures ». Mais « Pat sourit toujours, attendant des jours meilleurs. Etre heureux n’est pas un crime ». Le dernier titre nous inciterait à davantage de pessimisme : sous les nuages rouges de la pollution (Red Clouds), « nous avons mille raisons de pleurer, il n’y a rien d’autre que nous puissions faire ». On a du mal à te croire, Bob, et tu n’y crois pas toi-même. Ce serait compter sans l’amour et le rock ‘n’roll.

Rock’n’love et rock’n’roll

         Sous le cuir du perfecto à franges et derrière les éternelles lunettes noires se cache une  âme tendre. Il a trouvé le bonheur avec Mimi à qui il dédie More’n’More : « J’ai besoin de toi, je te veux, je t’aime, de plus en plus ». C’est elle qui prend les photos lors des interviews, c’est elle qui se tient derrière le stand de merchandising à la fin du concert, comme à la salle Doumer de Marcq-en-Baroeul le 30 septembre dernier. Et le rock dans tout ça ? Vous en voulez encore ? Vous êtes insatiables ! Alors, précipitez-vous sur le second CD ! A consommer sans modération, mais attention à l’effet de dépendance ! Vous risquez de vous le passer en boucle. Le Petit Robert, véritable dictionnaire du rock, revisite ses maîtres du début des sixties. Et ça démarre fort avec Bama Lama Bama Loo d’un autre rocker, petit par la taille et immense par le talent, Little Richard, à qui j’ai serré la main après le concert de l’Olympia du 7 juin (je n’en suis pas encore revenu !). Ca enchaîne avec Willie Dixon, Eric Burdon, les Pretty Things, Bob Dylan et son Masters Of War. A noter qu’il y avait déjà une reprise de Bob Dylan It’s All Over Now Baby Blue et une reprise de Little Richard Lucille sur le premier album de Bob High Time (76). Fidélité aux sources, fidélité aussi à ses musiciens. Gilles Mallet, le guitariste, qui a joué dans la Story de 81 à 88 et a fait une réapparition définitive en 98. Bertrand Couloume, le contrebassiste, qui joue avec lui depuis 14 ans. Nico Garotin, le batteur, qui est resté dans la Story 8 ans de 81 à 89 et qui l’a retrouvé de manière fixe à l’occasion des répétitions pour l’album Libero. Nicolas Noël, le clavier, qui a rejoint Bob en 94. « Je serai là tant qu’il y aura des gens pour venir me voir » aime-t-il à déclarer. T’en fais pas, Bob, t’es pas là d’arrêter de tourner !

… et on sera nombreux à l’Abattoir le samedi 3 décembre!    

                                                                             Jumpin’ Jack Devemy   

mardi 24 juillet 2012

Bruce  Springsteen

         Le « Boss » est de retour et il n’est pas content. Ca se voit tout de suite sur la pochette couleur sépia. Mâchoires serrées, regard furibard. George W. Bush sait maintenant à quoi s’en tenir : l’élection présidentielle américaine qui aura lieu dans un an, en novembre 2008, ne sera pas une partie de plaisir. Déjà qu’il avait le gros Michael Moore sur le dos, voilà-t-y pas que Bruce Springsteen s’invite à la fête et part en croisade contre lui.

Quand le « Boss » bosse, c’est magique, magique !

         Bruce revient donc sur le devant de la scène avec son nouvel et quinzième album studio, nommé Magic. Un disque éminemment politique en ces temps de peur et de honte. Sans aller jusqu’à réclamer la destitution du président des Etats-Unis, comme son camarade canadien, Neil Young, visiblement préoccupé par le sort de son pays d’adoption (Let’s Impeach The President, premier single extrait de Living With War, contient même, il fallait oser, des déclarations consternantes de Bush… ce qui vaut à son auteur des démêlés judiciaires), Bruce n’hésite pas à sortir l’artillerie lourde pour dénoncer les écoutes téléphoniques illégales, les atteintes à l’habeas corpus ou encore l’aide insuffisante apportée aux habitants de La Nouvelle-Orléans, victimes de l’ouragan Katrina. Et ce qui motive chez lui le plus de colère, on s’en doute, c’est la mort de jeunes gens dans la guerre tragique contre l’Irak, même si le nom du pays n’est jamais cité. Néanmoins, celui qu’on a appelé « la conscience sociale de l’Amérique » se défend pour autant d’avoir une attitude antipatriotique, estimant que c’est la politique du président Bush depuis 6 ans qui est anti-américaine. Il met les choses au point dans une interview accordée à la chaîne de télévision CBS le jeudi 4 octobre : « Il y a toute une série de choses que je n’aurais jamais cru voir en Amérique. A un moment donné, c’est antipatriotique de s’asseoir et de se contenter de regarder arriver des choses qui dégradent le pays qui vous est si cher. » Alors, Magic, un pamphlet contre Bush et les milieux néo-conservateurs ? Oui, mais aussi et surtout, un bon disque de rock US au son riche et puissant. Avec toute la fougue de ses 58 ans – il en fait facile 10 de moins – Springsteen fait un retour en force : physique avantageux ; voix superbe, à la fois rugueuse et caressante. Qui plus est, il nous revient accompagné par les huit musiciens de son groupe historique, le fameux E Street Band, qu’il avait laissé de côté depuis l’album The Rising, enregistré après le 11 septembre 2001. Il le dit lui-même sur Radio Nowhere, le morceau qui ouvre l’album : « Je veux entendre du rythme, un millier de guitares, des batteries à tout rompre. » D’emblée, le ton est donné. Un rock direct, méchant, sans chichis. Une ligne de basse extraordinaire, des guitares et une batterie qui se livrent à une poursuite diabolique, le tout ponctué par des éclats de saxophone. Une ambiance apocalyptique qui évoque le London Calling des Clash.

« Tous ensemble, tous ensemble, tous ! »

         Il faut sans doute voir dans le refrain de Radio Nowhere (« Ici Radio Nulle Part, y-a-t-il quelqu’un de vivant là-bas ? ») une attaque plus ou moins explicite contre les programmes radio d’aujourd’hui, formatés, interchangeables. Plus de cheveu dans le potage, de grain de sable dans la machine et on s’ennuie grave ! Mais cette question « is there anybody alive out there ? » ne vise pas que la radio, elle s’adresse aussi à son public. Il l’a lancée à de très nombreuses reprises, lors de ses concerts, tout au long de sa carrière. Sa façon à lui de faire réagir les spectateurs et de les promouvoir au rang d’acteurs, lorsque le show touche à sa fin, qu’il les trouve un peu endormis et qu’il souhaite les rallier une dernière fois à lui. Repassez-vous la vidéo du Live In NYC (1.07.2000) et écoutez bien Springsteen juste avant qu’il n’entame Tenth Avenue Freeze-Out. S’il y a une chose en laquelle il croit résolument, c’est bien le pouvoir rassembleur du rock’n’roll. Une démarche artistique qu’il se dicte à lui-même. Springsteen l’a annoncé : il voulait un album par et pour le E Street Band. Alors, rappelons le nom de quelques-uns de ses vieux complices : Danny Federici à l’orgue, Roy Bittan au piano, Max Weinberg à la batterie, Steve Van Zandt et Nils Lofgren à la guitare et, bien sûr, le « Big Man » Clarence Clemons au saxo. Et, la rumeur prêtant de graves problèmes de santé à ce dernier, et surtout à Danny Federici, espérons que cet album et la tournée qui l’accompagne ne font pas que manifester l’esprit de solidarité si cher aux musiciens anglo-américains et ne serviront pas à payer les frais d’hôpital. En tout cas, même si Springsteen et sa bande ne sont plus aussi jeunes ni aussi vaillants, leur enthousiasme est intact. Jon Landau, leur manager de toujours, récemment interviewé par le magazine Rolling Stone, a déclaré : « Bruce et moi travaillons ensemble depuis 1974 et je pense que je ne l’ai jamais vu aussi excité qu’aujourd’hui », ajoutant : « Clarence a quelques grands moments sur ce disque. » Pour être complet sur le sujet , apprenez que Magic a été enregistré en 2 mois au Southern Tracks Studios d’Atlanta avec le producteur Brendan O’Brien, grosse pointure ayant déjà travaillé avec Springsteen (The Rising et Devils & Dust) mais également avec Pearl Jam, Neil Young, Aerosmith, Red Hot Chili Peppers ou encore Bob Dylan. Un conseil : quand vous écouterez le CD, car je ne doute pas que vous allez l’acheter, ne passez pas à côté de la chanson cachée Terry’s Song que Springsteen a écrite en hommage à son garde du corps et assistant Terry Magovern, un ami décédé le 30 juillet dernier. Sublime ! Un dernier conseil : allez voir le Boss et son E Street Band en concert. Certaines chansons de l’album semblent n’avoir été conçues que dans l’optique du live. A l’heure où j’écris ces lignes, il reste des places (de 54 à 84 €) pour le concert du 12 décembre au Palais des Sports d’Anvers. Celui du 17 décembre au Palais Omnisports de Paris Bercy est sold out. Sinon, il vous reste la possibilité de vous rendre à Londres (Arena O2 – 19 décembre) mais ça vous coûtera plus cher. Ou bien, en désespoir de cause, priez Dieu que l’option de réservation du Parc des Princes pour le printemps 2008 se concrétise !


Jumpin’ Jack Devemy      

KRIS  DOLLIMORE



EX-GODFATHERS  
EX-DAMNED



         Après avoir rendu son tablier aux Damned à l’issue de deux années de bons et loyaux services (de 93 à 95) et s’être définitivement affranchi des Godfathers en mars dernier, Kris Dollimore a les coudées franches pour relancer sa carrière solo.

Kris ne connaît pas la crise

         Il est né sur l’île de Sheppey dans l’estuaire de la Tamise, une zone marécageuse, communément appelée le delta de la Medway. Consolation accordée par le destin à cet authentique bluesman qui aurait sans doute préféré naître sur les bords du fleuve Mississippi, ce qui ne l’empêche pas de clore son premier album solo par un superbe instrumental, East Of England, hommage acoustique à sa région natale. Pour savoir quand il est né, il suffit de jeter un coup d’œil à la photo qui figure sur l’album dont je vous parlais à l’instant. Elle a été prise le jour où on lui a offert sa première guitare électrique, le 02/01/1978, comme le stipule le titre, a priori énigmatique. Quand je vous aurai appris que cette date correspond à son douzième anniversaire, vous en déduirez aisément que notre homme est né le 2 janvier 1966 et qu’il va bientôt fêter ses 44 ans. Elémentaire, mon cher Watson ! Revenons à la photo. Elle le représente debout, guitare en mains, encadré par un poster de Johnny Rotten et un autre de Led Zeppelin. Deux styles et univers musicaux aux antipodes. Ca ne le dérangeait pas (comme ça ne le dérange pas plus aujourd’hui) d’écouter tout à la fois Stupidity, l’album live de Dr Feelgood, A Night At The Opera de Queen ou Never Mind The Bollocks des Sex Pistols. Son frère lui enseigne les rudiments de la guitare et c’est grâce à lui qu’il réussit à jouer son premier riff : Caroline de Status Quo. A eux deux, ils forment un groupe de pub rock, The Major Setback Band. Ils interprètent des chansons de Feelgood et des Inmates et quelques compositions personnelles. Ils sortent même un disque (collector !), Crashing Out, sur le label Black Sheep Records en 84. Kris n’a alors que 18 ans.

Tu nais, tu vas à l’école, tu travailles …et tu meurs. Quel beau programme !

         A la même époque, un groupe commence à se faire connaître : The Sid Presley Experience. Les Inrockuptibles, dans le n° 11 d’avril 88, les décrit (avec un peu de retard) comme « indociles, très en colère, distillant un rock pur et dur, arrosé de passion, d’électricité ». Ca ne pouvait que plaire à Kris qui a une épiphanie en écoutant leur disque Hup Two Three Four. C’est le groupe dans lequel il veut être, c’est ce qu’il veut faire. Il va les voir au Marquee deux ou trois fois et il adore ! Aussi ne se fait-il pas prier lorsqu’il est pressenti pour les rejoindre. Les frères Coyne -Peter au chant et Chris à la basse- virent leur guitariste Del Bartle et leur batteur Kev Murphy. Ils recrutent en remplacement Kris Dollimore et Mike Gibson (un nom prédestiné) aux guitares, ainsi que le batteur George Mazur et en profitent pour rebaptiser leur groupe The Godfathers. Les Parrains portent bien leur nom : look de mafiosi, costard noir étriqué, petite cravate. Mais leur musique est encore plus redoutable que leur allure. Quand ils gueulent sur scène Cause I Said So (extrait de leur deuxième album Birth, School, Work, Death, publié chez Epic en 88), « Bon, on fait ce que j’ai dit, point barre !!! », tu mouftes pas, tétanisé par le duel de guitares et la voix hargneuse de Peter. L’album de 89 More Songs About Love And Hate est suivi par la mort de leur producteur Vic Maile et le départ de Kris Dollimore qui est remplacé par un autre Chris, Chris Burrows. Dollimore forme alors un groupe de heavy metal avec Steve « Vom » Ritchie : The Brotherland (mini album de 7 titres : Nightmares And Dreams en 92). Ensuite, il joue sur l’album solo Last Race de Stiv Bators -ex-chanteur des Dead Boys- en compagnie de Johnny Thunders et Dee Dee Ramone. Coup de fil de Rat Scabies (Gale de Rat et non Gueule de Rat !) et il rejoint les Damned. « Le groupe n’obéissait à aucune règle, c’était chacun pour soi, on ne savait jamais ce qui allait se passer quand on montait sur scène avec eux ». Ajoutons à son palmarès des tournées avec Del Amitri et Adam Ant.

Et maintenant ?

         Plus de deux ans après la sortie de son premier album solo, 02/01/1978, Kris s’apprête, comme je vous le disais au début de cet article, à relancer sa carrière. « C’est comme renaître. Une période de ma vie s’achève, une autre- plus excitante encore- va commencer ». La soirée de lancement de son nouvel album aura lieu chez lui à Rochester, au Bottleneck Blues Club, le mardi 27 octobre. Quelques jours plus tard, il sera parmi nous. Retenez bien le titre révélateur de cet album : Now Was The Time.

                                                                                        Jumpin’ Jack Devemy