vendredi 27 juillet 2012

MOTÖRHEAD


A 61 ans, Lemmy, leader du groupe de hard rock anglais Motörhead, représente un cas d’école pour la Faculté de Médecine. Remarquablement conservé malgré tous ses excès, il se plaint avec humour de n’avoir pu bénéficier d’une transfusion sanguine, alors qu’il était hospitalisé à Londres il y a une quinzaine d’années. Les médecins réunis autour de son chevet lui auraient déclaré :  « Voyez-vous, si on vous donne du sang pur, vous allez mourir… Mais, de grâce, ne donnez pas votre sang ! Il est tellement toxique que vous tueriez quelqu’un ! »

Et Lemmy créa Motörhead !

         Fils de pasteur, Lemmy (né le 24 décembre 1945 à Stoke-on-Trent en Angleterre sous le nom de Ian Fraiser Kilminster) commence à jouer du rock’n’roll dès l’âge de 19 ans dans deux groupes originaires de Blackpool : les Rainmakers et Motown Sect. Sa guitare Hofner Club 50, il aura tout le temps de la massacrer de 66 à 68 au sein des Rockin’Vickers, de Gopal’s Dream et d’Opal Butterfly. Il se retrouve ensuite roadie pour Jimi Hendrix et le Pink Floyd, période Syd Barrett. Au début des années 70, il rejoint les rangs de Hawkwind en qualité de bassiste et  chanteur. Il écrit plusieurs chansons pour le groupe, dont The Watcher, Lost Johnny et leur hit de 72, Silver Machine. C’est à cette époque qu’il abandonne le « n » de Kilminster pour devenir Lemmy Kilmister, la figure de proue du hard. Un dur de dur d’un gabarit impressionnant, une tête de Hun : moustache, verrues et longs cheveux gras, la croix de Malte en sautoir et les inusables Santiags blanches aux pieds. Ajoutez à cela pour parfaire le portrait : grand buveur de bière et de Jack Daniel’s et consommateur d’amphétamines. Cet intérêt trop marqué pour la drogue le conduit en prison. En tournée au Canada en 75, il est arrêté à la frontière avec du speed en sa possession. Résultat : il se fait virer de Hawkwind. Qu’à cela ne tienne, il décide aussitôt de former son propre groupe. Le journaliste Mick Farren du New Musical Express lui présente Larry Wallis (guitare, ex-Pink Fairies) et Lucas Fox (batterie). Et les trois n’ont bientôt plus qu’à se trouver un nom. Bastard (bâtard) suggère Lemmy, ce qui n’est pas au goût de son manager. O.K. ! On s’appellera Motörhead. C’est le titre de sa dernière composition pour Hawkwind et ça signifie « drogué » en argot américain. Le manager aurait mieux fait de se taire.

Je vais vous botter le cul !

         Après un premier concert le 20 juillet 75 à la Roundhouse de Londres, le trio enregistre un album qui, en raison de problèmes avec leur maison de disques United Artists, ne voit le jour que 3 ans plus tard sous le titre de On Parole. Lors de l’enregistrement, Lucas Fox cède sa place à Phil Taylor, surnommé Philthy Animal (sale animal). En 76, Lemmy décide d’engager un second guitariste, « Fast » Eddie Clarke. Larry Wallis n’apprécie guère et se casse, donc le groupe se retrouve quand même avec un seul guitariste. A l’été 77, ils signent un contrat avec Chiswick Records et enregistrent leur album éponyme, dans un état d’ébriété très avancé, si l’on en croit la légende. Cet album atteindra pourtant la 43ème place du hit-parade anglais. Deux ans plus tard, Motörhead sort Overkill. Le succès est au rendez-vous et les albums s’enchaînent : Bomber (79), Ace Of Spades (80), Iron Fist (82). Mais les changements de line-up commencent alors à se multiplier : départ de Clarke, remplacé par Brian « Robo » Robertson, ex-Thin Lizzy qui part lui-même en 84, puis une certaine stabilisation s’opère autour de Phil Campbell à la guitare et Mikkey Dee à la batterie. Kiss Of Death, le tout dernier album de Motörhead, sorti en août 2006, prouve, s’il en était encore besoin, que le patron, c’est Lemmy. Au fil des ans, à coup de riffs géniaux et de centaines de concerts, avec –certes- le soutien inébranlable de ses sbires, il a réussi à imposer une musique simple et terriblement efficace. Comme il le dit lui-même dans Angel City, extrait de l’album 1916 : « I’m gonna kick ass ». Je vais vous botter le cul !


                                                                                                           Jumpin’ Jack Devemy