mercredi 11 juillet 2012

MICK TAYLOR



Evènement à ne rater sous aucun prétexte : la venue à Lille de l’ex-Rolling Stones Mick Taylor. Le 2 juillet dernier, à Paris, au New Morning, il nous donnait un aperçu de ses talents. Mais laissez-moi plutôt vous raconter !

Le concert étant sold out, je me suis rendu très tôt sur place. Bien m’en a pris ! J’assiste à l’entrée de Mick. Un professionnel comme lui n’a pas besoin de trois heures pour faire sa balance : après avoir répété deux morceaux, il ressort pour rejoindre son hôtel proche. Il a perdu quelques kilos depuis la dernière fois que je l’ai vu. C’était le 21 juin 2003, lors de la Fête de la Musique à l’Hippodrome de Marcq en Baroeul. J’avais eu le malheur de lui demander de dédicacer des photos que j’avais prises de lui à Béthune 4 ans auparavant. Il avait tiqué. C’est vrai qu’à l’époque il avait grossi et la comparaison avec les photos n’était guère flatteuse. J’en entends parmi le public agglutiné devant la salle qui s’exclament : « T’as vu l’âge qu’il a ! Il est tout bouffi ! ». Ben forcément ! S’ils en sont restés à son image de la période Stones, ils ont du mal à le reconnaître. D’accord, il a vieilli, et alors ? Il est né le 17 janvier 49 à Welwyn Garden City dans le Hertfordshire, au nord de Londres et il va donc bientôt fêter ses 61 ans. La moyenne d’âge des spectateurs se situe aux alentours de 50 ans. Il y a aussi quelques jeunes qui, du coup, ne réagiront pas quand on annoncera Joël Daydé en première partie. C’est lui qui avait fait la première reprise de Mamy Blue en 71, avant Nicoletta quand même ! Seul à la guitare acoustique ou Strat de 69 (il aurait quand même pu éviter de nous faire remarquer combien ça coûte une guitare pareille !), il frime un peu et a le tort de s’attaquer à des standards du blues comme Walking Blues, Little Red Rooster ou You Gotta Move juste avant Mick Taylor. Au bout d’un certain temps, une partie du public se lasse et réclame son départ. Pourtant Joël Daydé connaît le blues et le prouvera durant ses 45 minutes sur scène.0n ne peut que regretter un tel comportement de la part de gens qui, eux, sans doute, sont ignares en la matière. Daydé ne viendra pas à Lille. C’est le seul concert parmi les 17 prévus en France au mois d’octobre où il n’assurera pas la première partie. Il commence à faire une chaleur étouffante et je suis ruisselant de sueur. Si je n’étais un fan inconditionnel du grand Mick, je me dirigerais vers le bar pour y profiter de la clim et y étancher ma soif. Dans ce cas je renoncerais définitivement aux premiers rangs. Mais le courage et la persévérance sont toujours récompensés. Vers 22 heures, entrée en scène de l’ami Max Middleton, costume d’été et panama. Rappelons qu’il a débuté sa carrière en jouant du clavier pour Jeff Beck. Le reste du groupe fait son apparition. Jeff Allen (batterie), Kuma Harada (basse) et Denny Newman (guitare et chant). Et le voilà, celui qu’on attendait tant. Notre Mick s’approche du micro, il est applaudi à tout rompre. Pendant que ses musiciens s’installent, il commence à nous expliquer pourquoi il aime la salle, parce qu’il est proche de son public. Et bla-bla-bla ! Et bla-bla-bla ! Un agréable moment intime dans la pure tradition du blues. Et ce n’est pas comme Zazie dans le métro. Il cause, il cause, mais ce n’est pas tout ce qu’il sait faire. Il empoigne sa guitare et c’est parti pour Secret Affair suivi de Twisted Sister. Les deux compositions personnelles qui ouvrent l’album A Stone’s Throw (98), sorti 20 ans après un premier disque solo éponyme. Le public se sent alors autorisé à lui réclamer à cor et à cri Alabama. Un titre du premier album solo susnommé, Mick Taylor. Enchaînement normal sur Losing My Faith. Un autre extrait de A Stone’s Throw. Après ces 4 chansons d’une dizaine de minutes chacune, il cède à l’envie d’aller fumer une clope et vider un godet dans les coulisses, laissant son guitariste rythmique, Denny Newman, interpréter l’une de ses compositions : Burying Ground. Il revient quelques minutes plus tard, le temps de changer de chemise et de tomber la veste. Il prend le dernier solo sur Burying Ground puis le concert prend une toute autre dimension. Mick se lance dans une série de reprises. A commencer par Blind Willie Mc Tell. Une chanson de Bob Dylan avec lequel il a travaillé sur l’album Infidels en 83. Il y intègre une partie de Layla (Clapton) et d’ All Along The Watchtower (Dylan). Vient l’apothéose : la reprise des Stones, Can’t  You Hear Me Knocking. Sur l’album Sticky Fingers (71). Il en revendique la paternité sans pour autant avoir été crédité. A la fin du morceau, Mick se jette par terre (est-ce bien raisonnable à son âge ?). Il reviendra pour un seul rappel, mais quel rappel ! La chanson No Expectations des Stones (encore eux !) qu’il jouera assis sur un tabouret. Il nous explique que c’est bien la première fois, mais il a mal au dos. Depuis il s’est fait examiner et souhaite porter le message suivant à ses fans : « C’est avec un profond regret que je dois annoncer que les dates aux Etats-Unis et au Canada prévues pour juillet et août devront être annulées, en raison de problèmes de santé. Pendant mon séjour à l’hôpital, mes médecins m’ont formellement déconseillé de voyager en ce moment ». Espérons qu’il sera rétabli pour la tournée française prévue en octobre ! Cette fois, c’est bien fini. It’s all over now. Allez, un dernier medley pour la route ! Mick se lève et joue quelques accords de Brown Sugar et Satisfaction. Il est resté un Rolling Stone dans l’âme et c’est pour ça qu’on l’aime !

                                                                                                 Jumpin’ Jack Devemy