vendredi 27 juillet 2012

Little Bob  


Les fêtes de fin d’année approchent. Vous cherchez un « cadeau » pour votre meilleur(e) ami(e) ? Il est tout trouvé. Offrez-luiThe Gift.Little Bob célèbre ses 30 ans de carrière et, pour marquer le coup, nous propose ce nouvel album, un double CD qui ne contient pas moins de 20 titres. Un « cadeau » somptueux ! Pour vous remercier,et surtout se faire plaisir, votre ami(e) vous accompagnera, le samedi 3 décembre, au concert de l’Abattoir de Lillers. L’Abattoir, dont ce sera également le 30ème anniversaire. 60 ans à eux deux, mais pas question de retraite ! Keep on rockin’ !

Rock’n’dock

         Little Bob, de son vrai nom Roberto Piazza, est né le 10 mai 1945 à Alexandrie, en Italie (pas en Egypte, comme Claude François !). Mais son port d’attache est Le Havre, et, même s’il est en tournée tout au long de l’année, la route le ramène toujours à sa ville normande, où il vient se ressourcer avant un nouveau départ. Son père, anarchiste, est venu en France pour échapper au régime fasciste de Mussolini. C’est cet épisode de la vie de sa famille que retrace Libero (2002). Libero, c’est le prénom de son père et, en italien, ça veut dire libre. Et ça lui ressemble ! C’est ainsi que, allergique à toute concession professionnelle ou artistique, il autoproduit ses disques. Il n’a pas oublié non plus ses origines et la classe ouvrière dont il est issu : son père travaillait dans une fabrique de cuivre. Lui-même a été comptable et c’était un militant, toujours prêt à lutter et à défendre les droits de ses collègues. Le premier CD de The Gift : Still Burning (et, en effet, elle brûle à jamais sa passion pour la musique qu’il aime, que nous aimons : le rock’n’roll !) est un portrait en camaïeu des gens « d’en bas » dont il admire l’intégrité, la fierté et le courage, toutes qualités qui ne lui sont pas étrangères. Et le peintre, accablé, contemple son portrait, avec réalisme et lucidité, mais sans jamais se résigner. « Quand je suis heureux, je me sens mal / Impuissant et coupable / Je me demande ce que je peux faire / Peut-être la Révolution » (No Future Is Now). P’tit Bob évoque le monde carcéral : « Des murs hauts, épais / Une rue solitaire / Des histoires atroces / Des cicatrices profondes / Personne ne sourit » (Country Jail Boogie). Dans sa galerie de portraits, tout le monde a droit au même respect, que ce soit Pauline, « la reine de la disco, une fille aux cheveux teintés en rouge et aux grands yeux verts, vêtue d’une mini jupe rouge, et pourtant elle a l’air si timide » ou bien Dolorès qui « tôt le matin, alors que la ville s’éveille, doit aller travailler et prouver qu’une femme peut élever ses enfants toute seule ». Les exclus de la société, il les comprend car il les côtoie, tel Little Juju Boy, « son petit voisin qui n’a que 15 ans, qui est pourchassé par les flics parce qu’il conduit trop vite, et qui chiale comme un gosse ». Et son HLM, il l’aime, quand bien même il est blême : « les gosses qui hurlent dans l’impasse, le chien du voisin qui aboie, la grosse qui écoute de la disco et « les racailles » qui crèvent les pneus de votre bagnole la nuit, alors que retentissent les sirènes des cargos et qu’errent les fantômes des dockers licenciés ». C’est bien vrai qu’il l’aime, sa ville, Le Havre et le quartier des docks (Living In The Dock Land). Dans ce quartier vit son alter ego, « Pat, qui possède un petit garage et travaille douze heures par jour, les mains noires et graisseuses, pour payer les taxes et les factures ». Mais « Pat sourit toujours, attendant des jours meilleurs. Etre heureux n’est pas un crime ». Le dernier titre nous inciterait à davantage de pessimisme : sous les nuages rouges de la pollution (Red Clouds), « nous avons mille raisons de pleurer, il n’y a rien d’autre que nous puissions faire ». On a du mal à te croire, Bob, et tu n’y crois pas toi-même. Ce serait compter sans l’amour et le rock ‘n’roll.

Rock’n’love et rock’n’roll

         Sous le cuir du perfecto à franges et derrière les éternelles lunettes noires se cache une  âme tendre. Il a trouvé le bonheur avec Mimi à qui il dédie More’n’More : « J’ai besoin de toi, je te veux, je t’aime, de plus en plus ». C’est elle qui prend les photos lors des interviews, c’est elle qui se tient derrière le stand de merchandising à la fin du concert, comme à la salle Doumer de Marcq-en-Baroeul le 30 septembre dernier. Et le rock dans tout ça ? Vous en voulez encore ? Vous êtes insatiables ! Alors, précipitez-vous sur le second CD ! A consommer sans modération, mais attention à l’effet de dépendance ! Vous risquez de vous le passer en boucle. Le Petit Robert, véritable dictionnaire du rock, revisite ses maîtres du début des sixties. Et ça démarre fort avec Bama Lama Bama Loo d’un autre rocker, petit par la taille et immense par le talent, Little Richard, à qui j’ai serré la main après le concert de l’Olympia du 7 juin (je n’en suis pas encore revenu !). Ca enchaîne avec Willie Dixon, Eric Burdon, les Pretty Things, Bob Dylan et son Masters Of War. A noter qu’il y avait déjà une reprise de Bob Dylan It’s All Over Now Baby Blue et une reprise de Little Richard Lucille sur le premier album de Bob High Time (76). Fidélité aux sources, fidélité aussi à ses musiciens. Gilles Mallet, le guitariste, qui a joué dans la Story de 81 à 88 et a fait une réapparition définitive en 98. Bertrand Couloume, le contrebassiste, qui joue avec lui depuis 14 ans. Nico Garotin, le batteur, qui est resté dans la Story 8 ans de 81 à 89 et qui l’a retrouvé de manière fixe à l’occasion des répétitions pour l’album Libero. Nicolas Noël, le clavier, qui a rejoint Bob en 94. « Je serai là tant qu’il y aura des gens pour venir me voir » aime-t-il à déclarer. T’en fais pas, Bob, t’es pas là d’arrêter de tourner !

… et on sera nombreux à l’Abattoir le samedi 3 décembre!    

                                                                             Jumpin’ Jack Devemy