jeudi 4 octobre 2012


DECOUVERTE

Avec Johnny DOWD
Les serpents ne sont pas là de se rendormir


Vous aimez Tom Waits et Nick Cave ? Au risque de paraître iconoclaste et d’en choquer plus d’un, moi, j’aime pô ! En revanche, j’adore Captain Beefheart, Zappa, Arno et, je regrette juste de ne pas l’avoir découvert plus tôt… Johnny Dowd. Johnny Dowd ? « Qu’est-ce qu’il fait, qu’est-ce qu’il a, qui c’est celui-là ?/Complètement toqué, ce mec-là, complètement gaga/Il a un drôle d’accent, ce gars-là/L’a une drôle de voix ». Ben justement, c’est ce que j’aime chez lui. Ce côté bastringue et frappadingue. Les univers de Tom Waits et Nick Cave sont glauques, un point c’est tout ! A chaque sortie d’album, je m’attends d’ailleurs à ce que nous soit, enfin, fournie en bonus la corde avec laquelle se pendre. Celui de Johnny Dowd est « glauque and roll ». Au bout de la nuit, le voyage ne manque ni de folie ni de drôlerie. Humour, ironie, dérision et poésie y ont leur place. Avis aux amateurs de roman noir. Johnny Dowd est né le 29 mars 1948 à Fort Worth, près de Dallas. Il a grandi entre le Texas, le Tennessee et l’Oklahoma avant de s’installer dans l’Etat de New York pour y monter, avec son ami Dave Hinkle, une entreprise de déménagement, la Zolar Moving Co. et aussi un groupe, les Jokers. Le ton était déjà donné : les Jokers, les Plaisantins. Le groupe dure 5 ans, de 1981 à 1986. Johnny et son comparse formeront un autre groupe, Neon Baptist, qui durera également 5 ans, de 1988 à 1993. Tiens, des adeptes du quinquennat ! Dowd approche de la cinquantaine lorsqu’il se décide à enregistrer son premier album solo, Wrong Side Of Memphis. Pour un coup d’essai, c’est un véritable coup de maître. Il sera suivi d’autres albums aux titres évocateurs, comme Cemetery Shoes, Les Chaussures De Cimetière (2004), Chainsaw Of Life, La Tronçonneuse de La Vie (2006) ou A Drunkard’s Masterpiece, Le Chef-d’œuvre D’Un Ivrogne (2008). A l’origine de ces parutions, l’excellent label Munich Records, qui vient de frapper encore très fort en nous livrant la dernière pépite de Johnny Dowd, Wake Up The Snakes, Réveillez Les Serpents, à découvrir de toute urgence ! Selon les propres dires de l’auteur (on n’est jamais si bien servi que par soi-même), « Wake Up The Snakes est, je le jure, le meilleur, le plus fun, des albums que j’ai enregistrés jusqu’à maintenant ». Il ajoute : « Mon nouvel album nous transporte à l’époque où la soul music, le garage rock, les bass fuzz, l’orgue Farfisa, et les refrains à la « My Baby Left Me » s’entrechoquaient ». Et de rendre hommage au groupe qui l’accompagne : Matt Saccuccimorano à la batterie, Kim Sherwood-Caso au chant et à la guitare, Michael Stark aux claviers (les puristes reconnaîtront le Vox Continental qui rivalisa avec le Farfisa durant les années 60) et Willie B., alias Brian Wilson (rien à voir avec les Beach Boys) à la guitare baryton. Il faut croire que Johnny Dowd sait cultiver l’amitié puisque Kim Sherwood faisait déjà partie de Neon Baptist, Willie B. jouait de la batterie sur Chainsaw Of Life et l’ingénieur du son, responsable de l’enregistrement de Wake Up The Snakes, n’est autre que Dave Hinkle, copropriétaire avec Johnny du studio The Shop à Willseyville dans l’Etat de New York. Vous aimeriez, je suppose -c’est le but de cet article- vous faire une opinion personnelle sur Johnny Dowd. Si vous espériez le voir en live, c’est râpé ! Il était de passage à Nancy le 24 mai dernier, au Festival Musique Action pour un concert unique en France. Si vous comptez l’écouter à la radio, ne vous bercez pas d’illusions, elle est encore à inventer, la station qui diffusera Lies, un morceau de 6 :34. Alors, je ne vois plus qu’une solution : achetez le dernier album de Johnny Dowd ! Vous ferez une bonne action mais je doute que ce soit déductible de vos impôts. Vous y trouverez en tout cas votre titre fétiche, celui qui vous trottera dans la tête toute la journée et vous incitera, malgré ou à cause de la dure réalité, à sourire aux gens et à la vie. J’ai trouvé le mien : Me And Mary Lou.

                                                    Jumpin’ Jack D.