vendredi 27 juillet 2012

                                T  H  E       I  N  M  A  T  E  S



         Mais que fait donc la police ? Attention, voilà les Inmates ! Bill Hurley, considéré par Robert Plant comme le meilleur chanteur anglais (« Sa voix soul fait merveille et nous fait vivre le rock brut des boîtes londoniennes ») et ses acolytes Peter Gunn, Tony Oliver, Jim Russell et Simon Mulvey, ex-Les McKeown’s Legendary Bay City Rollers (en remplacement de Ben Donnelly) seront bientôt en nos murs.

Le Premier Délit des Taulards

         Les Inmates résultent de la fusion de deux groupes : les Cannibals et Ronnie And The Biggs, clin d’œil au cerveau de la célèbre attaque du train postal Glasgow-Londres en août 63 (le même Ronnie Biggs qui enregistre No One Is Innocent avec les Sex Pistols à la fin des années 70). Les Cannibals sont dirigés par Peter Staines, dit Peter Gunn, prof de physique le jour et guitariste de rock la nuit, comme quoi l’enseignement mène à tout, à condition d’en sortir. Au sein du groupe on trouve aussi : le guitariste rythmique Tony Oliver, le bassiste Ben Donnelly et le chanteur Mike Spenser, un punk américain qui se montre tellement violent sur scène qu’il finit par être interdit de concert. De son côté, Bill Hurley est le chanteur de Ronnie And The Biggs qui tourne dans le circuit classique des pubs de l’est de Londres. Ca tombe bien ! Peter Gunn (dont le thème est cher à mon vénéré rédacteur !) passe une petite annonce dans le Melody Maker de novembre 77 : « Cherche chanteur ». Bill répond à l’appel. Illico presto, les « cannibales » vomissent Mike et tentent d’absorber Bill. Mais le morceau est gros à avaler. Physique de Goliath, personnalité imposante, celui-ci a vite mainmise sur le groupe et le rebaptise « Les Taulards ». En référence à Ronnie Biggs ou au Jailhouse Rock (Rock du bagne) d’Elvis Presley ? Toujours est-il que le premier album s’intitule First Offence (Premier Délit). C’est un premier single autoproduit, Jealousy, qui attire l’attention des disques Radar, le label fondé par Andrew Lauder après son départ de Stiff. Vic Maile est choisi pour produire les sessions et l’enregistrement de First Offence démarre au studio Jacksons de Rickmanworth dès juillet 79. Producteur avisé, Vic Maile donne sa vocation au groupe : jouer un répertoire composé à la fois de rock garage et de reprises énergiques de vieux morceaux de rhythm’n’blues. Musicalement, les Inmates sont très proches des Stones. Vous comprendrez que j’ai un faible pour eux. Même la pochette ressemble furieusement à celle d’Aftermath : mêmes visages blafards en clair-obscur. A noter que le poste de batteur est instable : John Bull est viré par Vic Maile au bénéfice d’Eddie Edwards, également membre des Vibrators (groupe de punk-rock, toujours en activité, prévu à l’Abattoir de Lillers le samedi 25 novembre). Et c’est un troisième batteur, Jim Russell, qui fera ensuite les tournées de promotion du disque. First Offence sort en 79 et l’excellente reprise du hit des Standells de 66, Dirty Water (Sale Eau… en 2 mots !), qui y figure, est un succès aux USA, tandis qu’en Grande-Bretagne, c’est The Walk, une reprise du bluesman Jimmy Mc Cracklin, qui sort en simple.

Bill arrête de …puis se remet à …hurler  

         En septembre 80, sort un deuxième album au titre prémonitoire : Shot In The Dark (John Lennon est assassiné le 8 décembre de la même année), où les Inmates reprennent la composition des Stones So Much In Love, gentiment prêtée aux Mighty Avengers en 64, à l’époque où les deux groupes travaillaient pour Decca. En 84, Bill Hurley, « fatigué nerveusement » par toutes sortes de « déboires », passe la main. En fait, Bill, grand consommateur de substances illicites, fit une overdose si grave que, d’après ses dires, il ne pensait pas rechanter. Il cède sa place à Barrie Masters, chanteur d’Eddie And The Hot Rods (dont j’aurais une superbe photo si, toléré, à l’époque, sur la scène du Rainbow de Londres, je n’avais, dans ma précipitation, mal accroché le film !!!). Il enregistre 2 albums avec les Inmates : True Live Stories (84) et Five (85). En 87, Bill Hurley, piaffant d’impatience, rentre à l’écurie. Au mieux de sa forme, il accepte le projet du journal Libération ( qui n’avait pas encore été racheté par Rothschild) de célébrer le 20ème anniversaire de la sortie de l’album des Beatles : Sgt Peppers Lonely Hearts Club Band. Libé demande donc aux Inmates de reprendre sur scène, à la Villette, le 20 juin 87, des titres des Beatles « à la manière des » Stones. Les albums se suivent et se ressemblent : Fast Forward (89), Inside Out (91), Wanted  (93), Silverio  (97), Heat Of The Night (98). Nous ne saurions nous en plaindre, on ne change pas une équipe qui gagne!


                                                                                     Jumpin’ Jack Devemy