vendredi 18 janvier 2013


 
          Officiel : la « launch party » qui devait marquer l’inauguration du site est reportée à une date ultérieure. Ni champagne, ni petits fours, ni même cacahuètes. Crise oblige, me direz-vous, mais pas seulement. Les Rolling Stones m’ont pris de court. Il était hors de question d’ouvrir ce site sans leur parrainage. On savait bien qu’ils allaient fêter leurs 50 ans de carrière mais, à force de déclarations et démentis, on n’y croyait plus trop. En tout cas, on ne s’y attendait pas si tôt. Alors découvrez ce premier article au beau milieu d’un vaste chantier toujours en cours et, si vous ne craignez pas d’être éclaboussé par les projections de plâtre et de ciment, aventurez-vous ici et là, vous y trouverez également d’autres écrits, publiés en d’autres lieux, en d’autres temps.

De Carnaby au Marquee


          Avec l’idée de me préparer mentalement à ce qui serait, peut-être, mon dernier concert des Stones, je décidai, la veille au soir, de me rendre à Carnaby Street. J’avais lu un peu partout que les décorations de Noël, toujours très attendues, de cette célèbre rue de Soho saluaient comme il se doit le 50ème anniversaire du groupe. Je n’allais pas être déçu. Tout Carnaby s’est habillé aux couleurs des Stones et ce jusqu’au 6 janvier. Les traditionnelles boules de Noël ont été remplacées par d’énormes sphères en 3 dimensions contenant les vinyls d’or et d’argent qui ont jalonné la brillante carrière du « plus grand groupe de rock’n’roll au monde ».

 La fameuse arche à l’entrée de la rue arbore le logo des Stones encadré par l’humble mais fière devise : « It’s only rock’n’roll ». Une boutique éphémère (très tendance, les « pop up shops » !) a même été ouverte au numéro 10 et propose aux fans que nous sommes tout le merchandising auquel il est permis de rêver : porte-clés, pins, mugs, posters, T-shirts, coffrets édition spéciale, lithographies signées. Et dire que, non loin d’ici, à moins d’un quart d’heure de marche, 50 ans plus tôt, naissaient les Rolling Stones… En effet, le jeudi 12 juillet 1962, ils donnaient leur premier concert au Marquee alors situé au 165 Oxford Street. Signe des temps : les lieux sont actuellement occupés par la banque Abbey, filiale de la banque espagnole Santander. Comme dirait Dylan : « The times they are a- changin’ ». Bon, et si on reparlait musique un peu ? Ce soir-là, les Rollin’ Stones (Notez l’apostrophe !) jouent dans le sous-sol de la petite salle de jazz devant une centaine de personnes. Juste une demi-heure, le temps d’interpréter quelques grands standards du blues : Dust My Broom de Robert Johnson, Bright Lights Big City et  Down The Road Apiece de Jimmy Reed, Ride ’Em On Down d’Eddie Taylor ainsi qu’un titre plus rock’n’roll : Back In The USA de Chuck Berry. La réaction du public est plutôt mitigée : du blues, passe encore mais du rock, faut pas exagérer ! Les Stones jouent en première partie de Long John Baldry et ses Kansas City Blue Boys. C’est lui que les membres du club sont venus voir à défaut d’Alexis Korner qui s’est désisté, suite à l’invitation qui lui a été faite de se produire en direct avec son groupe, le Blues Incorporated, le soir même à la BBC. Ils ont payé l’entrée 4 livres. Quand je pense à la somme que j’ai dû débourser pour accéder au concert du lendemain à l’O2 Arena… Mais quand on aime, on ne compte pas. A l’époque, les Stones sont composés de 6 membres : Brian Jones, Mick Jagger, Keith Richards, Ian Stewart au piano ainsi que Dick Taylor (futur Pretty Things) à la basse et Mick Avory (futur Kinks) à la batterie. Bill Wyman et Charlie Watts manquent encore à l’appel mais l’armée est sur le pied de guerre. « Everywhere the Carnabetian army marches on » (Dedicated Follower Of Fashion, The Kinks).

A l’O2 t’as tout si t’as des sous


          Dimanche 25 novembre : ça y est, le jour fatidique tant espéré est enfin arrivé. Tous les fans vous le diront, il n’est pires heures que celles qui précèdent un concert des Stones. Tant qu’on n’est pas installé devant la scène, et encore, rien n’est complètement gagné. Et si la fin du monde survenait un peu plus tôt que prévu ? Et si Keith retombait de son cocotier ? A 15h30, je n’en peux plus d’attendre ! Oxford Circus, je m’engouffre dans la bouche de métro, Victoria Line direction Green Park, Jubilee Line jusqu’à North Greenwich. Tout le monde descend ! En fait, il n’y a personne ou presque. Faut dire que l’O2 Arena se situe à deux pas de la station et qu’il est à peine 16h.

 Le dôme gigantesque se dresse bientôt devant moi. Imaginez une soucoupe volante recouverte d’une toile en fibre de verre de 100 000 m2, clouée au sol par un réseau de câbles suspendus partant de 12 mâts en acier de 100 m de haut et pouvant contenir jusqu’à 23 000 martiens ! Surveillée par d’immenses miradors, elle ne décollera pas de sitôt. Les Stones ont pris possession des lieux et tiennent à le faire savoir. The Rolling Stones : 50 & Counting (50 ans bien comptés et toujours présents ! et non pas, comme certains l’écrivent, prenant sans doute leurs désirs pour des réalités : 50 ans et ce n’est pas fini !).

                                        Peu importe, l’inscription s’étale en grosses lettres rouges :

Je suis proche du but. Ouf ! Me voici maintenant dans le hall d’entrée, devant le stand de merchandising. A la collection, déjà fort riche, de mon futur musée Rolling Stones viennent s’ajouter quelques pièces. A vrai dire, tous  les produits officiels de la tournée 2012 à l’effigie du gorille : le programme, le pass, les badges, le T-shirt, la mug, le pack de médiators. Une tournée événementielle, limitée à 5 dates : les 25 et 29 novembre à l’O2 Arena, le 8 décembre au Barclays Center de Brooklyn et les 13 et 15 décembre au Newark Prudential Center, si l’on excepte les deux tours de chauffe parisiens au Trabendo et à Mogador. Or, c’est bien connu, tout ce qui est rare est cher. Grrr !

                                                                                                               (A suivre)