mardi 2 octobre 2012
THE FLESHTONES
En quelque trente
années, les Fleshtones n’ont jamais arrêté. Têtus ? Non, passionnés. En
parfaite osmose avec leur public, ils continuent de lui faire partager leur
énergie, leur sens de la fête et du délire.
Baleine Bleue
contre Paris-Brest
La première fois
que j’ai vu les Fleshtones sur scène, c’est à Londres, au début des années 80.
Le hasard souvent fait bien les choses, surtout quand on l’aide un peu !
J’avais acheté le magazine Time Out et, me fiant à ses conseils, je me retrouvai
ce soir-là au Venue, situé tout près de la gare Victoria. Cette salle a disparu
depuis bien longtemps mais j’eus le plaisir d’y applaudir, entre autres, Pat
Benatar, les Go-Go’s, les Cramps et Curtis Mayfield. Revenons en aux
Fleshtones. Je fus tellement impressionné que je téléphonai illico presto à
l’actuel rédacteur en chef du ci-devant nommé, à l’époque animateur de
l’émission Vinyl sur feu Fréquence Nord, pour lui communiquer mes impressions.
Une énergie sauvage et brutale. De la rage, de l’émotion. En un mot, du rock.
Putain de concert ! Je ne compte plus les fois où je suis retourné voir
les Fleshtones. Quand on aime, on ne compte pas. A force, j’en suis venu à les
considérer comme des potes. C’est vrai qu’une rencontre avec eux, c’est toujours
un échange. Blue Whale(Baleine Bleue)contre Paris-Brest. Que je vous
explique ! Je savais que les Fleshtones étaient connus, à leurs débuts,
pour les grosses fêtes qu’ils organisaient entre amis dans leur maison du
quartier de Queens à New York. Je savais aussi que, pour l’occasion, ils
avaient inventé un cocktail détonnant : le Blue Whale. C’est donc tout
naturellement que j’abordai le sujet lors de l’interview qu’ils voulurent bien
m’accorder avant leur concert du mercredi 11 avril 2007 au Grand Mix de
Tourcoing. Je leur demandai la composition de ce cocktail. Tequila, champagne,
vodka et curaçao…uniquement pour la couleur, me fut-il répondu. Peter Zaremba
enchaîna sur sa recette préférée du Paris-Brest. Vous pouvez me citer un autre
chanteur, américain de surcroît, capable de disserter sur la confection d’un
Paris-Brest pendant cinq bonnes minutes ? C’est promis, Peter, ma femme va
te préparer un Paris-Brest pour le concert du 28 juin prochain à Wattrelos. Ma
femme et moi, on se répartit les tâches équitablement : je m’occupe de la
boisson, elle s’occupe de la bouffe !
Guitariste d’un
soir des Fleshtones
J’aimerais donner
envie aux néophytes d’aller voir les Fleshtones sur scène, là où personne ne
peut leur ravir le titre de meilleur groupe du monde, si ce n’est peut-être les
Stones. Avez-vous remarqué que Fleshtones rime avec Stones ? D’ailleurs, n’ont-ils
pas repris Play With Fire sur le
mini-album Up Front qui constitue
leur premier véritable enregistrement (publié en 80 par le label Illegal Records
d’un certain Miles Copeland, frère du Stewart Copeland de Police) ? Comme
les Stones, allumer le feu, oui, ça, ils savent faire : d’où leur
réputation de groupe de scène dont le talent serait difficilement reproductible
sur disque. Je n’en voudrais pour preuve que les six concerts enregistrés au
Gibus Club à Paris, en mars 85. L’album live est intitulé Speed Connection, il sort avec une pochette dessinée par le
Français Serge Clerc. Il a malheureusement un son de mauvaise qualité et il
ressortira quelques mois après aux Etats-Unis sous le titre Speed Connection II : The Final
Chapter (à noter la présence du guitariste Peter Buck de R.E.M. sur le
morceau Windout). Inutile de vous dire que la
première version à tirage limité est devenue un collector. Mais, au fait, un
concert des Fleshtones, comment ça marche ? Phase d’observation : tel
un empereur romain, avant l’ouverture des jeux du cirque, Zaremba toise son
public, bras croisés haut sur son torse bombé, jambes écartées. Ils sont venus,
ils sont tous là : les mecs, tempes grisonnantes, perfecto et arrêt
obligatoire au bar, les nanas glamour, y’a même les kids. On va encore s’amuser
en famille ce soir. Keith Streng plaque quelques accords, c’est le
signal : les hostilités peuvent commencer. Nos dieux ne sont pas sur scène
depuis un quart d’heure qu’ils quittent leur piédestal pour venir à notre
contact. Vous vous retrouvez, sur le rythme de Push Up Man, en train de faire des pompes en plein milieu de la
fosse à côté de Zaremba qui gagne à tous les coups (pourtant, sur une main,
c’est plus dur, mais il a de l’entraînement, lui, c’est pas juste !) ou
bien, s’il a pitié de vous, Keith vous glisse sa Gretsch en bandoulière et,
tout péteux mais heureux, vous voilà, comme ça m’est arrivé à Tourcoing, élu
guitariste d’un soir des Fleshtones. Pendant ce temps-là, Billy, contraint de
rester sur scène, se venge en sautant derrière ses fûts. A la fin du concert,
descente dans la fosse de « la bande des quatre » : Peter, Keith,
Bill et Ken. Direction le bar ! Parfois ils s’y arrêtent et grimpent
dessus pour former une pyramide humaine et offrir aux photographes un florilège
de poses rock’n’rolliennes. Parfois ils continuent leur chemin et sortent
carrément de la salle. Zaremba rythme le pas à coups de sifflet et de tambourin
et le public, qui n’a vraiment pas envie de les voir partir, se mêle à la
sarabande effrénée. La prochaine fois, venez nous rejoindre ! Plus on est
de fous, plus on rit.
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