mercredi 3 octobre 2012
Le printemps est pourri ! La vie est chère ! On
est envahi par les OGM ! Les licenciements continuent ! Encore un an
de campagne électorale à se farcir ! Qui ne céderait à la
sinistrose ? Heureusement Doc Devemy est là pour vous prescrire le remède
miracle : un blues-rock fort, simple et direct, jubilatoire et sans
prétention, des riffs redoutables sur une Gibson déchaînée et une voix rauque,
qu’on dirait marinée dans l’alcool. « Lonesome George » est de retour
avec un nouvel album The Hard Stuff et il sera sur la scène de
l’Ancienne Belgique le 11 juin. Ce soir-là, vous irez beaucoup mieux,et l’été
sera proche !
Monsieur désire ? Un bourbon, un scotch… et une
bière !
George
Thorogood est né le 31 décembre 1952 à Wilmington dans le Delaware, l’un des
plus petits états de l’Amérique, en haut de la Côte Est. Rien ne le
prédisposait à la musique. En fait, jusqu’à l’âge de 18 ans, ce grand et solide
gaillard d’1,88m s’intéresse davantage au sport : la lutte et surtout le
base-ball qu’il pratique en qualité de semi-professionnel. Mais, en 70, il
découvre le blues grâce à un concert de John Paul Hammond Jr. C’est la
révélation ! Il lui faut monter un groupe ! Trois ans plus tard,
mission accomplie, il recrute ses Destroyers : Michael Lenn à la basse,
Ron Smith à la guitare rythmique et Jeff Simon à la batterie. Peu après,
direction Boston, où il écument les clubs et enregistrent un lot de démos qui
parviennent aux oreilles d’un certain John Forward. Celui-ci les aide à dégoter
un contrat avec Rounder Records. Quant aux fameuses maquettes, elles referont
surface dans l’album Better Than The Rest (Meilleur Que Le Reste), en
79.Michael Lenn ne reste pas longtemps au sein de la formation, il est remplacé
par Billy Blough avant même qu’ils ne produisent leur premier album. Cet album
éponyme George Thorogood & The Destroyers sort début 77 et reçoit un
accueil enthousiaste. C’est un mélange de compositions originales et de
reprises comme l’illustre One Bourbon, One Scotch, One Beer de John Lee
Hooker. George Thorogood explose en 78 avec son deuxième album, Move It On
Over. La chanson-titre, un standard du légendaire chanteur country Hank
Williams, est matraquée sur les radios FM et propulse l’album dans le Top 40
américain. Thorogood, obtient ainsi son premier disque d’or. L’album est un
florilège de classiques archiconnus : Who Do You Love ? de Bo
Diddley (qui ouvre habituellement les concerts), The Sky Is Crying
d’Elmore James, It Wasn’t Me de Chuck Berry, So Much Trouble de
Brownie McGhee…
Let
the (Thoro) good times roll !
En 80, Ron Smith quitte le
groupe mais son départ est compensé par l’arrivée du saxophoniste Hank Carter.
Après la sortie du troisième album, More George Thorogood And The Destroyers,
le chanteur-guitariste signe chez EMI. Bad To The Bone (Mauvais Jusqu’à
L’Os) paraît en 82. Il porte mal son nom (une des qualités de George est son
humour) puisqu’il devient aussi disque d’or, grâce à la vidéo du titre éponyme
qui passe en boucle sur la chaîne MTV. Et pourtant, Thorogood n’a-t-il pas déclaré
un jour : « Il y a deux sortes de musique : le blues et cette
merde qu’ils diffusent sur MTV » ? (un des défauts de George est
parfois sa mauvaise foi). Mais comment ne pas pardonner à quelqu’un qui
participe à la tournée américaine et européenne des Rolling Stones en
81-82 ? Il était là (en compagnie du J. Geils Band) au stade Feijenoord de
Rotterdam le mercredi 2 juin 82 et à l’hippodrome d’Auteuil le dimanche 13
juin… moi aussi, vous vous en doutez ! Les trois albums postérieurs à Bad
To The Bone : Maverick (85), Live (86) et Born To Be Bad
(88) se vendent tous à plus d’un million d’exemplaires aux Etats-Unis et sont –
encore et toujours – disques d’or. Entre-temps les Destroyers se sont offert le
luxe d’un second guitariste : Steve Chrismar. Depuis le début des années
90, il faut bien l’avouer, la vente des disques marque une nette baisse de
régime. A-t-on idée aussi d’intituler un album : The Baddest Of George
Thorogood (Le Plus Mauvais – en respectant la faute de grammaire anglaise –
de George Thorogood) ? Sacré George !
The Hard Stuff
Comme je
vous le disais au début de cet article, « Lonesome George » est de
retour avec un nouvel album, The Hard Stuff, dont la sortie officielle
chez Eagle est prévue le 13 juin. Je vous en offre la primeur. La recette
du succès est toujours la même. Des reprises : Huckle Up Baby de
John Lee Hooker, Hello Josephine de Fats Domino, en hommage aux victimes
de l’ouragan Katrina qui dévasta la Nouvelle-Orléans, Little Rain de
Jimmy Reed ou encore Give Me Back My Wig (Rends-moi Ma Tignasse) de
Hound Dog Taylor, clin d’œil à son hit de 93, Haircut. Mais aussi des
compositions originales en collaboration avec Tom Hambridge et le guitariste
Jim Suhler. Les premiers mots de Thorogood lors de la séance d’enregistrement
furent : « S’ils veulent du blues, nous allons leur en donner ».
Monsieur est servi !
Jumpin’Jack Devemy.
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