jeudi 4 octobre 2012


WILKO  JOHNSON




     « C’est un Chuck Berry anglais ». Déclaration de Paul Weller dans le magazine musical de The Observer, daté du dimanche 9 novembre. Paul Weller, ex-Jam, ex-Style Council, qui n’hésite pas à classer Down By The Jetty du bon vieux Dr Feelgood (1975) parmi les cinq albums qui ont jalonné sa vie et sa carrière. Un homme de goût !

Bouche à bouche
         Wilko est né le 12 juillet 1947 à Canvey Island (Essex) dans l’estuaire de la Tamise. Son vrai nom est John Wilkinson. C’est pas bon, ça, coco ! Tu découpes, tu mélanges et t’obtiens… Wilko Johnson. Tu veux réussir ou quoi ? Vers la fin des années 60, il est étudiant en littérature à Newcastle mais il retourne régulièrement à « s’ baraque » pour y jouer dans des groupes locaux comme The Roamers ou The Heap. Ayant décroché un diplôme, il part en Inde, chose courante pour un jeune de l’époque. On a du mal, aujourd’hui, à l’imaginer avec des fleurs dans les cheveux (où les accrocherait-il ?) mais bon. C’est à son retour que notre hippie fait la rencontre de Lee Brilleaux. Alors qu’il se promène, il remarque un gars portant un disque de Little Walter. La discussion s’engage et le courant passe. Dr Feelgood est né… comme naissent les plus grands groupes de rock’ n’ roll. Souvenez- vous de Mick Jagger et Keith Richards se croisant sur le quai de la gare de Richmond le 17 octobre 1961. « J’avais sous le bras, entre autres disques rares, le One Dozen Berrys de Chuck Berry, et Keith m’a dit : Bon sang, voilà des disques intéressants ! » (Jagger). Au fait, avez-vous noté une autre ressemblance entre les deux groupes ? Faites rentrer sa langue à la fameuse bouche des Stones, exhibez à la place de jolies dents saines et blanches, figées en un sourire étincelant à la Fernandel, rehaussez le tout d’une paire de lunettes noires : vous venez de créer le logo de Dr Feelgood.

Le docteur devient malade
         De 72 à 77, Wilko pratique la médecine du Docteur Feelgood, en compagnie de ses aides-soignants : Lee Brilleaux (qui nous a quittés il y a bientôt 5 ans), John B. Sparks et Johnny Martin (alias The Big Figure, ami d’enfance et ex-Roamers). Il signe la quasi-totalité des prescriptions contenues dans les deux albums de légende : Down By The Jetty et Malpractice. Mécontent de l’inclusion contre son gré de la chanson de Lew Lewis Lucky Seven sur Sneakin’ Suspicion en mars 77, il quitte le cabinet de consultation. D’une susceptibilité à fleur de peau, il a du mal à supporter que le morceau, composé par un musicien extérieur au groupe, figure sur l’album. Marre de jouer au docteur. Après la courte aventure des Solid Senders avec John Potter aux claviers, Steve Lewins à la basse et Alan Platt à la batterie, il passe dans le camp des malades. En 79, en effet, il rejoint The Blockheads (Les Débiles) de Ian Dury, avec qui il restera jusqu’en 1980. Depuis, il mène une carrière solo et, quand il n’est pas au Japon, où il jouit d’une popularité énorme, il écume tous les pubs et autres lieux propices à son déferlement de folie.

Ah bon, Wilko, il tourne toujours ? Ben, merde alors !!!
         Non seulement il tourne toujours mais il sera chez nous le 3 décembre, à la Boîte à Musiques de Wattrelos. Figurez-vous que deux jours plus tard, il passera au Halfmoon de Londres, la salle mythique qui, depuis le début des années 60, a vu défiler les plus grosses pointures du rock ( les Stones y étaient encore en mai 2000 pour un concert privé). L’album live de Wilko, malheureusement très difficile à trouver, Don’t Let Your Daddy Know (1991) y fut enregistré. J’espère que vous vous rendez compte de l’immense privilège qui vous est accordé : vous faire mitrailler avant tout le monde par la Fender Telecaster noire de Wilko. N’ayez pas peur de vous mettre en première ligne. Participez au carnage organisé par notre mafioso à tête de Frankenstein et ses deux acolytes : le bassiste Norman Watt-Roy, ex-Blockhead et le batteur Steve Monti, ex-Curve, ex-Jesus and Mary Chain. Ca va saigner !

                                                                    Jumpin’ Jack Devemy