mardi 2 octobre 2012
ROBIN
TROWER
Guitariste génial, hélas
trop peu connu du grand public, Robin Trower, ex-membre de Procol Harum, est en
droit de revendiquer une place sur le podium des « guitar heroes », à
l’égal d’ Eric Clapton, Jeff Beck, Jimmy Page ou Alvin Lee. Rendons lui
hommage !
Des Paramounts à Procol Harum
Robin Leonard Trower est né le 9 mars
1945 à Catford, un quartier dans le sud-est de Londres. Quand on sait que
Catford tire son nom de l’endroit où les chats sauvages traversaient la rivière
Ravensbourne à l’époque des Saxons, on
ne s’étonne guère que son lieu de naissance l’ait prédestiné à se trouver une
vocation de rocker. Dès l’âge de18 ans, il débute sa carrière de guitariste
avec les Paramounts, un groupe de rhythm’n’blues, spécialisé dans les reprises,
qui parvient à sortir plusieurs singles entre 63 et 65. Le chanteur/claviériste
n’est pas un inconnu : il s’appelle Gary Brooker. Les autres membres du
groupe sont : le bassiste Chris Copping et le batteur B.J. Wilson. Le
jour, ils fréquentent la Southend High School. La nuit, ils jouent au club The
Shades, qui appartient au père de Robin Trower. Leur manager, Peter Martin,
leur dégote un contrat chez Parlophone. En janvier 63, leur reprise de Poison Ivy, le succès des Coasters, est
n°35 en Angleterre. Leur sixième et ultime single, You’ve Never Had It So Good, paraît en octobre 65. Malgré un coup
de pouce des Rolling Stones (Ah non, c’est pas vrai, encore eux !), qui
affirment qu’ils sont « le meilleur groupe anglais de rhythm’n’blues »,
les Paramounts se séparent définitivement
au cours de l’année 66, après avoir accompagné quelque temps Chris
Andrews (Yesterday Man) et Sandie
Shaw, « la chanteuse aux pieds nus ».Gary Brooker part fonder un
nouveau groupe avec Keith Reid. Un de ses amis, l’animateur radio Guy Stevens,
lui téléphone pour lui suggérer une idée de nom : un chat du quartier
porte un pedigree du nom de Procol Harum. Il est tout de suite adopté, le nom,
pas le chat ! En mai 67, le groupe enregistre un premier single, A Whiter Shade Of Pale. Pour un début,
c’est une réussite ! Il se retrouve au sommet de tous les
hit-parades : classé n° 1 au Royaume-Uni et n° 5 aux Etats-Unis. Un mois à
peine après sa sortie, il s’est vendu à deux millions et demi d’exemplaires.
Trop brutalement, les musiciens doivent assumer leur rôle de rock stars auquel
ils ne sont pas du tout préparés. Deux d’entre eux ne le supportent pas et s’en
vont : le batteur Bobby Harrison et le guitariste Ray Royer. Gary Brooker
n’a pas oublié ses anciens camarades des Paramounts et, pour combler ce double
départ, il fait appel à B.J. Wilson et Robin Trower (Chris Copping devait les
rejoindre en 70). Robin a raté le coche, il arrive après A Whiter Shade Of Pale, mais il participe aux deux meilleurs albums
du groupe : Procol Harum (67)
et A Salty Dog (69). Il prend de plus en plus de poids au
sein de la formation et exprime ses talents de compositeur. En juin 70, sur Home, il signe deux titres : About To Die et Whiskey Train, un hommage au Mystery
Train d’Elvis Presley. En juin 71, sur Broken
Barricades, sa guitare est omniprésente. Il ne saurait pourtant s’en
contenter et, après une tournée catatrophique en Italie, il décide de quitter
Prcol Harum en juillet de la même année.
Trower power trio
Il forme alors le groupe Jude avec le
batteur Clive Bunker (ex-Jethro Tull), le guitariste et chanteur Frankie Miller
et le bassiste James Dewar (ex-Stone The Crows). Leur association ne fait pas
long feu. En 72, le Robin Trower Band voit enfin le jour. Dewar reste à la
basse et prend aussi la partie vocale, Reg Isidore est derrière la batterie.
Dès son premier album Twice Removed From
Yesterday (juin 73), le power trio recueille les suffrages des critiques et
du public. Robin acquiert alors le statut de guitar hero. Sa façon de jouer
ressemble fort à celle de Jimi Hendrix. Adepte des distorsions et des effets
wah-wah, il fait pleurer sa Fender Stratocaster, branchée dans un ampli
Marshall souvent poussé à fond. Parmi ses nombreuses aventures musicales, il
collaborera par trois avec l’immense Jack Bruce, ex-bassiste de Cream : BLT (81), Truce (81) et Seven Moons
(2008). Dans les années 90, il fera aussi partie du Bryan Ferry Band et
participera à l’enregistrement de trois albums : Taxi (93), Mamouna (94)
et Dylanesque (2007). Robin Trower
est toujours en activité, son énergie est intacte. Il nous revient avec un
nouveau line-up : Glenn Letsch à la basse, Davey Pattison au chant et Pete
Thompson à la batterie (…pas si nouveau que ça d’ailleurs, puisque Davey et Pete
l’accompagnaient déjà sur l’album de 88 Take
What You Need). Il sera en concert près de chez nous, trois jours de
suite : les 22,23 et 24 avril. Je noterai les absents.
Jumpin’ Jack Devemy
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