mardi 25 septembre 2012


P O L I C E


         En 1980, au lendemain de l’enregistrement de Zenyatta Mondatta, Police se produisait sur la scène de Werchter. Aujourd’hui, 28 ans plus tard, avant leur tout dernier concert à New York en août prochain, le groupe s’apprête à dire adieu à la Belgique et ses voisins du nord de la France, lors d’un show de 2 heures qui s’annonce exceptionnel.
Coup d’œil dans le rétro !

Cop’s Police

         N’en déplaise aux fans de Sting, c’est Stewart Copeland qui est à l’origine du groupe. Né le 16 juillet 1952 à Alexandria en Virginie, il est prédestiné à la musique. Son père, Miles, est trompettiste de jazz et il a joué avec le Glenn Miller Orchestra. Stewart préfère la batterie, qu’il apprend dès l’âge de 13 ans. La famille Copeland vient alors de s’installer à Beyrouth au Liban, où le père a décidé de fonder une agence de renseignements au service des compagnies pétrolières américaines, après avoir travaillé pour la Military Intelligence pendant la Seconde Guerre Mondiale et avoir été l’un des fondateurs de la CIA. Après cela, on s’étonnera que Stewart ait choisi d’appeler son groupe : The Police. En attendant, il joue dans plusieurs groupes avec d’autres jeunes Américains vivant à Beyrouth. En 1966, la famille déménage à Londres. Stewart a deux frères aînés, Miles et Ian. En 1972, ils créent une maison de disques et une agence artistique, BTM (British Talent Managers). En 1975, Miles, connu sous le nom de Miles Axe Copeland III, demande à Stewart, alors étudiant à Berkeley en musique, médias et communications, de superviser la tournée de Joan Armatrading. Stewart se prend au jeu et devient le tour-manager de Curved Air. Lorsque le batteur du groupe s’en va, c’est lui qui le remplace. Du même coup, il tombe amoureux de la chanteuse Sonja Kristina, qu’il épousera en 1982.

Un Corse punk

         En décembre 1976, Curved Air donne un concert à St Albans, à 35 km environ au nord de Londres. C’est là que Stewart rencontre un jeune guitariste corse de 24 ans, Henry Padovani, qui vient d’arriver en Angleterre. « C’était en décembre. On s’est rencontrés en décembre 76. Et Stewart m’a demandé si je voulais monter un groupe avec lui. On n’avait pas encore de bassiste. Ca, c’est arrivé plus tard. On a commencé tous les deux. » (Henry Padovani). Vous avez remarqué qu’il n’est toujours pas question de Sting. Ce qui a décidé Henry à venir en Angleterre, c’est un concert des Flaming Groovies auquel il a assisté. Le choc ! Il va leur parler et finit la soirée avec eux à jammer dans une chambre d’hôtel. Ils lui proposent de les suivre à Londres. En décembre 76, donc, il débarque dans la capitale anglaise avec pour tout bagage sa guitare Jacobacci Studio 3 et son ampli Fender Twin Reverb. Stewart lui demande de se joindre à lui car il veut monter un groupe punk. Vous avez bien lu : « punk ». « Le punk me plaisait parce qu’il était bourré d’énergie ! » (Henry Padovani).
Piqûre de guêpe

         Toujours en décembre 76, Curved Air se produit à Newcastle. C’est à cette occasion que Stewart repère le chanteur et bassiste d’un groupe de jazz local, Last Exit. Il déteste le groupe mais adore le bassiste. Ce dernier s’appelle Gordon Matthew Sumner mais ses amis le surnomme Sting, le dard (Ah ben, le v’là enfin !), en raison de sa tenue de scène favorite, un T-shirt à rayures jaune et noir qui lui donne l’air d’une guêpe. Stewart et Sting échangent leurs adresses. Ils se revoient peu après dans le squat que Stewart occupe à Mayfair (Moi, j’aimerais bien habiter un squat à Mayfair !). Henry  y fait la connaissance de Sting, en janvier 77. Les trois commencent à répéter. Police est né. Ils travaillent leur répertoire pendant un mois et se mettent à jouer dans des clubs à Londres et en province. Leur set dure 23 minutes pile-poil. Début février, à peine un mois plus tard, Police entre aux Pathway Recording Studios pour y enregistrer leur premier single (Fall Out et Nothing Achieving) en 8 pistes. En mai 77, ils le sortent sur le label Illegal Records, la marque de disques indépendante, créée spécialement pour l’occasion par le frère de Stewart, Miles, devenu leur manager. Il passe totalement inaperçu. Stewart et Henry passent leurs nuits à coller des affiches et à tagger les murs de Londres (Qu’est-ce qu’il fait, Sting, pendant ce temps-là, il dort ?) En fait, Sting vit dans un autre monde : il vient d’être papa (Ah, c’est peut-être pour ça !), son passé jazz lui colle à la peau et il n’a pas les mêmes préoccupations que ses camarades. « C’était difficile d’intéresser Sting. Henry et moi, il nous appréciait en tant que personnes, parce qu’il croyait qu’ensemble on arriverait à quelque chose. Mais il ne se reconnaissait pas du tout dans la musique. » (Stewart Copeland).

Réduction d’effectif dans la Police

         La rencontre avec Andy Summers a lieu le 28 mai 77, à l’occasion d’un concert d’un jour à Paris, où Mike Howlett, ancien musicien des Gong, invite Sting, Stewart et Andy à former avec lui un nouveau groupe, Strontium 90. En juin, Andy rejoint Police et ce n’est plus un trio mais un quatuor qui se présente au Festival Punk de Mont-de-Marsan, le 5 août 77. Deuxième passage en studio pour l’enregistrement de Visions Of The Night et Dead End Job sous la houlette de John Cale. Ca se passe très mal entre Andy et Henry. Sting prend fait et cause pour Andy et fait comprendre à Henry qu’il y a un guitariste de trop dans Police. Parmi les reproches qui lui sont faits : il ne penserait qu’à sortir et à faire le con. Plutôt fier d’avoir été élu cette année-là « ligger of the year » (le fêtard de l’année) par le –combien regretté- magazine City Limits, Henry ne se formalise pas et préfère quitter le groupe pour rejoindre Wayne County & The Electric Chairs, tandis que Stewart, Sting et Andy donnent leur premier concert en trio le 18 août 77 à Birmingham, pour entamer la carrière que vous connaissez tous.



                                                                Jumpin’ Jack Devemy