jeudi 14 juin 2012
DIDIER WAMPAS
Il aura fallu
attendre presque 30 ans pour que Didier Wampas se décide à jouer
les francs-tireurs. Hors des sentiers battus, maniant mieux que
quiconque les armes de la dérision et de la provocation, il continue
de se battre pour la seule cause qui vaille la peine. La sienne, la
nôtre : le rock’n’roll !!!
Tu viens de sortir un
album à ton nom et tu te lances dans une tournée solo. Fâché avec
les Wampas ?
Non, non, pas du tout.
Non, c’est tous les autres qui étaient plutôt pas disponibles.
Philippe est en tournée tout le temps avec tout le monde. Moi,
j’avais pas envie de faire un disque solo. C’est plutôt les
autres qui étaient pas dispo. Tony, Tony vient de sortir… On
demande pas ça à Tony. C’est marrant, hein ? Tony sort des
disques solo tout le temps. Et moi, comme je suis le chanteur…
C’est ça qui est chiant, tu vois, quand t’es le chanteur tu peux
rien faire à côté du groupe, quoi. Tous les autres ont des projets
solo. Tony, il a sorti 2 disques solo, là. Et quand t’es le
chanteur, tout le monde, tu vois, te demande ça. Alors que c’est
pas moi, c’est pas moi qui ai commencé, là. C’est les autres
qui…
Nous voici tous
rassurés : le chef n’a pas perdu sa tribu. A propos de tribu,
tu peux nous rappeler d’où vient le nom de ton groupe ?
Oh ben ça vient des
Rahan, bon, des BD qu’on lisait quand on était petit.
Comme les Dalton ou
les Ramones, au départ vous étiez tous des Wampas : Didier
Wampas, Alain Wampas, Francis Wampas, Niko Wampas. Il semble
aujourd’hui quand même que les autres membres du groupe veuillent
s’affranchir de la famille.
Non, c’est pas ça.
C’est quand Marc Police est rentré dans le groupe. C’est vieux,
hein, genre 85-86. Ca fait plus de 25 ans que tout le monde s’appelle
plus Wampas.
Tu as entamé une
tournée solo mais tu es accompagné sur scène ?
Oui, je suis avec Bikini
Machine, un groupe garage de Rennes.
Parlons maintenant de
ton nouvel album, Taisez Moi. Il faut être maso
pour choisir un titre pareil !
Ouais (Rires),
ouais, ouais, ouais, ouais. Ben …Oui, peut-être. Faut être un peu
maso.
Où le disque a-t-il
été enregistré ?
A moitié à Los Angeles
et à moitié à Bruxelles.
Et de quelle
complicité as-tu bénéficié pour l’enregistrement de ce disque ?
Au départ on s’est
retrouvé à trois avec Ryan Ross qui était le guitariste, avant, de
Panic ! At The Disco, qui est parti du groupe et Kevin Harp,
batteur, producteur, ingénieur du son. Et puis après, à Bruxelles,
y’a un bassiste qui est venu.
Le bassiste, c’est
Nick Johns ?
Voilà !
Ton album a une
couleur sixties avec un penchant pour les Beatles ou les Kinks. Fini
les guitares saturées. C’est toujours aussi énergique mais dans
un registre plus calme.
J’avais envie de jouer
de la guitare. Mais, si moi je joue de la guitare, ça va ressembler
trop aux Wampas. Alors je me suis dit : « Je vais me
passer de guitare sur ce disque et laisser Ryan s’en occuper ».
As-tu voulu par la
même occasion te défaire de ton image d’éternel énervé,
d’agité du bocal ?
Non, pas du tout. C’est
pas moi qui ai voulu faire ça. C’est un peu les circonstances.
On trouve sur l’album
des chansons d’amour presque romantiques.
Ouais…Oh ben y’en a
toujours eu avec les Wampas. La moitié des chansons des Ramones,
c’est des chansons d’amour. Et les Buzzcocks aussi.
Je pense à Magique
et Magritte. Elles ont, par ailleurs, fait
l’objet de deux vidéos. Pardon, des scopitones. Tu peux nous
expliquer la différence et nous donner la raison de ton choix ?
Oh, c’est pas un choix.
C’est notre pote, David Vallet, qui est avec nous depuis bientôt
10 ans, qui filme tout, qui nous filme tout le temps et qui a fait
des scopitones. C’est lui qui fait ça. Note bien : ça coûte
rien. C’est tourné en super 8, c’est fait en dix minutes, en
trois prises. Par rapport à un clip qui coûterait 15 à 20000
euros, ça coûte 500 euros. Bon voilà, c’est pas le même prix !
Au rayon mélancolie,
j’ai été séduit par une belle ballade, nappée de violons, qui
s’intitule La Folle De Marvejols. C’est où
Marvejols ?
C’est une ville
d’Auvergne (du Languedoc-Roussillon pour être exact !).
Un soir, on a joué là et j’ai écrit la chanson.
Et tu sais comment
s’appelle le bourg le plus proche de Marvejols ?
Le bourg le plus proche ?
Oh ben non.
Ca s’appelle
Chirac !!! Puisqu’on parle de Chirac, tu voulais l’envoyer
en prison, ton souhait a failli être exaucé.
Oui, mais bon, c’est
raté ! (Rires).
A l’époque, la
chanson a été interdite sur les radios, les télés.
Plus ou moins, oui.
Et maintenant tu
prends la défense de Michel Sardou à travers la chanson Chanteur
De Droite.
Tout le monde venait me
voir. Tout le monde me disait : « Tiens, tu devrais
faire une chanson contre Sarkozy ». Et puis j’ai fait une
chanson sur Sardou à la place, voilà.
Oui, mais je ne
comprends plus. Explique-moi. C’est à prendre au premier degré ?
C’est plutôt pour
faire chier le monde !
Le titre Punk
Ouvrier est sans nul doute autobiographique. Tu travailles
toujours à la RATP ?
Oui, je suis électricien.
Je travaille pour de vrai, hein. Je fais les 3x8 et j’ai aucun
arrangement avec la direction de la RATP. Je travaille comme tout le
monde.
Tu te sens proche de
quelqu’un comme Joe Cocker qui était plombier au départ ?
Oh, enfin, il a pas été
plombier longtemps.
Oui, c’est vrai.
Tu es de retour chez
le label Atmosphériques. Tu t’y sens bien ? Tu étais allé
chez Universal mais apparemment ça ne s’était pas bien passé.
A Universal, non, non, ça
s’est pas très bien passé. On s’est fait virer. Un petit label,
c’est quand même mieux.
Tu as fait une
apparition dans le court métrage Changement De Cap
de Jérôme Bleitrach. As-tu d’autres projets cinématographiques ?
Nnnnon, pas vraiment, je
sais pas. Bah là on tourne le prochain film des Grolandais avec
Poelvoorde. Le Grand Soir, ça s’appelle. J’ai pas
spécialement envie de faire du cinéma, sinon.
Du Grand Soir
à La Propriété C’Est Du Vol, le titre qui
ouvre l’album, il n’y a qu’un pas que je me hâte de franchir.
Mais faut-il considérer ce morceau comme une chanson d’amour ou un
slogan anar ?
Oh ben un peu des deux.
Chacun choisit. Choisis ton camp, camarade !
Je te remercie
beaucoup, Didier.
Jumpin’ Jack D.
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